« Le cadeau d’anniversaire »
Pendant sa fête d’anniversaire, Carmela termine d’ouvrir son cadeau et le montre à ses parents, Carmen et Chema.
- Regarde Maman ! Santi m’a offert une tortue… « C’est ce qui me manquait » pensa Carmen, mais au retour à la maison, son mari fut plus retissent…
- Je ne veux pas en entendre parler ! Et comme il venait de l’atelier, plein de crasse, Chema semblait être l’incarnation du démon. Tu dis qu’on t’en a déjà offert une, on va la jeter dans une mare, que sais-je… Je vous l’ai dit un tas de fois. Je ne veux pas d’animaux à la maison.
- Mais ce n’est pas un animal Papa ! Carmela le regarda, l’implora avec de grosses larmes et tremblantes aux bords des yeux. C’est Carlota.
Et comme c’était Carlota, elle resta. Et les premiers jours, Carmela fut une fille obnubilée par une petite tortue, qu’elle n’arrêtait pas de changer de place, jusqu’à temps qu’elle trouve un endroit aéré et chaud, où la tortue pouvait s’exposer au soleil sans que l’eau ne s’évapore. Alors, Carlota était un petit bloc verdâtre qui nageait comme une folle désorientée et qui ne parvenait pas à monter sur la rampe.
- C’est mignon, mais c’est ennuyeux. José sentencieux. C’est pourquoi il faudrait mieux un chien.
Mais c’était Carlota, et c’était ainsi, il fallait lui changer l’eau et lui donner à manger. Pour cela, Carmen assumait cette responsabilité, parmi les autres si mécaniques et quotidiennes comme préparer le petit-déjeuner tandis que le café chauffe et que le pain grille, elle s’habituait à s’occupait d’elle, à la laisser ramper sur le sol, à lui nettoyer son eau et à lui donner de la nourriture suffisante.
Et Carlota grandit. Elle apprenait à fixer la nourriture comme une pâte pour l’avaler lentement, et à lever la tête avec les yeux très ouvert quand quelqu’un la regardait. Ainsi vint l’été et ils achetèrent une cage pour l’emmener en vacances, la tortue se sentit bien pendant le voyage, Chema se mit à s’occuper d’elle pour les nuits.
- Regardez ! Il s’exclama vers la moitié du mois d’Août. Elle a appris à manger dans ma main, c’est incroyable.
Ainsi, c’est lui qui finit par être plus affecté, plus que personne d’autre, quand il entra dans la cuisine et vit Carlota en dehors de l’eau, les pattes très étirées et la tête baissée, comme morte, au milieu d’un liquide malodorant, il ne sut pas se décider entre la colère et la tristesse. Carmen dit que quelqu’un avait renversé sur la tortue du café et du ketchup et après elle sentit un énorme creux à l’estomac. José se mit à pleurer, parce que le coupable devait raconter à ses amis que le même après-midi, ils étaient venus à la maison pour le goûter, après avoir joué au football. Mais il n’y a pas eu de pleurs comme ceux de Carmela, qui s’appuya sur la table de la cuisine, et cacha sa tête entre ses bras pour pleurer seule à seule et elle ne consentit pas à se lever ni maintenant ni même pour aller dîner.
Cette nuit là, ils ont tous mal dormi. Les adultes, effrayés, ébranlés par la cruauté insensible d’un enfant de dix ans, incapable de respecter le bonheur simple et pacifique d’un petit animal tranquille et inoffensif. Si c’était un chien, pensait José avec le radical sentiment de justice, propre à son âge, ou un chat, qui leur aurait donné une bonne éraflure, mais la pauvre Carlota ne pouvait pas se défendre… Carmela ne peut pas penser à tout ça. Elle à seulement sept ans et le malheur, la méchanceté absolue, gratuite, qui n’a pas d’autres fins, pas d’autres objets que de faire du mal, n’a pas encore fait irruption dans son expérience du monde.
Clara Piffeteau - Nantes
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vendredi 7 mai 2010
Le cadeau d’anniversaire
Durant sa fête d’anniversaire, Carmela venait de recevoir un cadeau et elle l’apprend à ses parents, Carmen et Chema.
-Regarde, maman ! Santi m’a offert une tortue…
« Il ne manquait plus que ça » pensa Carmen, mais en arrivant à la maison, son mari alla plus loin.
-Pas la peine de discuter ! – et comme il revenait de l’atelier, plein de poussière, Chema semblait être une incarnation du diable. Rend la. Ou jette la dans une mare, ou n’importe quoi…Je vous l’ai dit un millier de fois. Je ne veux pas d’animaux dans la maison.
- Mais ce n’est pas un animal papa !- Carmela le regardait, l’implorait avec deux grosses larmes tremblantes aux bords des yeux. C’est Carlota.
Et comme c’était Carlota, elle resta. Et les premiers jours Carmela fut une petite fille attachée à un vivarium, parce qu’elle n’arrêtait pas de le changer de place jusqu’à ce qu’elle trouve un coin ventilé et chaud, où la tortue pouvait prendre le soleil sans que l’eau ne s’évapore. Donc,Carlota était toujours une petite masse verdâtre qui nageait comme une folle désorientée et qui n’avait même pas monter à la rampe.
-Elle est jolie, mais très ennuyeuse- dit José, le fils aîné. Pour cela, ce serait mieux d’avoir un chien.
Mais c’était Carlota, et elle était là, il fallait lui changer l’eau et lui donner à manger. Pour ça, Carmen assumait cette responsabilité entre d’autres tant mécaniques que quotidiennes comme faire le petit-déjeuner, et tandis que le café montait et que le grille-pain sautait elle s’est habituée à la prendre, à la laisser courir un peu sur le sol, a lui mettre de l’eau propre et de la nourriture suffisante.
Et Carlota grandit. Elle apprit à attraper la nourriture avec une patte pour l’avaler lentement, et à lever la tête avec les yeux grands ouverts lorsque quelqu’un la regardait. Ainsi vint l’été, et ils achetèrent une gage pour l’amener en vacances, et la tortue se sentie très bien pendant le voyage, et Chema se plut à s’occuper d’elle durant les nuits.
-Regardez ! s’exclama-t-il à la mi-août. Je lui ai appris à manger dans ma main, c’est incroyable.
Pour cela, ce qui s’est passé ensuite l’a affecté plus que personne. Quand il entra dans la cuisine et vit Carlota hors de l’eau, avec les pattes très étirées et la tête baissée, comme morte au milieu d’un liquide malodorant, il ne sut pas se décider entre fureur et tristesse. Carmen dit que quelqu’un avait versé dans le vivarium du café et du ketchup, et ensuite elle sentit un nœud énorme dans son estomac.
E compter au nombre de ses amis du club qui cette même après-midi étaient entrés dans la maison pour goûter après avoir joués au football. Mais il n’y a pas eu de pleurs comme ceux de Carmela qui s’assit à la table la tête cachée dans les bras pour pleurer seule, et ne consentit pas à se lever même pas pour dîner.
Cette nuit là, tous dormirent mal Les adultes, effrayés, ébranlés par la cruauté insensible d’un enfant de dix ans incapable de respecter la joie simple et pacifique d’un petit animal, tranquille, inoffensif. Si on avait eu un chien, pensait José, avec le sentiment radical de justice propre à son âge, ou un chat qui leur aurait donné un bon coup de griffe, mais la pauvre Carlota, que ne peut pas se défendre… Carmela ne peut même pas penser. Elle a seulement sept ans, et le mal, la méchanceté absolue, gratuite, qui n’a pas d’autre fin, d’autre objectif que faire du mal, finissait de faire irruption dans son expérience du monde.
Lucie Chusseau
Marianne Decombles
Durant sa fête d’anniversaire, Carmela venait de recevoir un cadeau et elle l’apprend à ses parents, Carmen et Chema.
-Regarde, maman ! Santi m’a offert une tortue…
« Il ne manquait plus que ça » pensa Carmen, mais en arrivant à la maison, son mari alla plus loin.
-Pas la peine de discuter ! – et comme il revenait de l’atelier, plein de poussière, Chema semblait être une incarnation du diable. Rend la. Ou jette la dans une mare, ou n’importe quoi…Je vous l’ai dit un millier de fois. Je ne veux pas d’animaux dans la maison.
- Mais ce n’est pas un animal papa !- Carmela le regardait, l’implorait avec deux grosses larmes tremblantes aux bords des yeux. C’est Carlota.
Et comme c’était Carlota, elle resta. Et les premiers jours Carmela fut une petite fille attachée à un vivarium, parce qu’elle n’arrêtait pas de le changer de place jusqu’à ce qu’elle trouve un coin ventilé et chaud, où la tortue pouvait prendre le soleil sans que l’eau ne s’évapore. Donc,Carlota était toujours une petite masse verdâtre qui nageait comme une folle désorientée et qui n’avait même pas monter à la rampe.
-Elle est jolie, mais très ennuyeuse- dit José, le fils aîné. Pour cela, ce serait mieux d’avoir un chien.
Mais c’était Carlota, et elle était là, il fallait lui changer l’eau et lui donner à manger. Pour ça, Carmen assumait cette responsabilité entre d’autres tant mécaniques que quotidiennes comme faire le petit-déjeuner, et tandis que le café montait et que le grille-pain sautait elle s’est habituée à la prendre, à la laisser courir un peu sur le sol, a lui mettre de l’eau propre et de la nourriture suffisante.
Et Carlota grandit. Elle apprit à attraper la nourriture avec une patte pour l’avaler lentement, et à lever la tête avec les yeux grands ouverts lorsque quelqu’un la regardait. Ainsi vint l’été, et ils achetèrent une gage pour l’amener en vacances, et la tortue se sentie très bien pendant le voyage, et Chema se plut à s’occuper d’elle durant les nuits.
-Regardez ! s’exclama-t-il à la mi-août. Je lui ai appris à manger dans ma main, c’est incroyable.
Pour cela, ce qui s’est passé ensuite l’a affecté plus que personne. Quand il entra dans la cuisine et vit Carlota hors de l’eau, avec les pattes très étirées et la tête baissée, comme morte au milieu d’un liquide malodorant, il ne sut pas se décider entre fureur et tristesse. Carmen dit que quelqu’un avait versé dans le vivarium du café et du ketchup, et ensuite elle sentit un nœud énorme dans son estomac.
E compter au nombre de ses amis du club qui cette même après-midi étaient entrés dans la maison pour goûter après avoir joués au football. Mais il n’y a pas eu de pleurs comme ceux de Carmela qui s’assit à la table la tête cachée dans les bras pour pleurer seule, et ne consentit pas à se lever même pas pour dîner.
Cette nuit là, tous dormirent mal Les adultes, effrayés, ébranlés par la cruauté insensible d’un enfant de dix ans incapable de respecter la joie simple et pacifique d’un petit animal, tranquille, inoffensif. Si on avait eu un chien, pensait José, avec le sentiment radical de justice propre à son âge, ou un chat qui leur aurait donné un bon coup de griffe, mais la pauvre Carlota, que ne peut pas se défendre… Carmela ne peut même pas penser. Elle a seulement sept ans, et le mal, la méchanceté absolue, gratuite, qui n’a pas d’autre fin, d’autre objectif que faire du mal, finissait de faire irruption dans son expérience du monde.
Lucie Chusseau
Marianne Decombles
mercredi 5 mai 2010
Le cadeau d’anniversaire
C’est sa fête d’anniversaire, Carmela vient de recevoir un cadeau, et le montre à ses parents, Carmen et Chema.
_ Regarde maman ! Santi m’a offert une tortue…
« C’est ce qui me manquait » pensa Carmen, mais, en arrivant à la maison, son mari alla plus loin.
_ Pas question! Et comme s’il revenait du garage, plein de graisse, Chema ressemblait à une incarnation de démon. Tu n’as qu’à l’offrir. Ou tu la jette dans une mare. Ce qu’il y a à dire… je vous l’ai dis une tonne de fois. Je ne veux pas d’animaux à la maison.
_ Mais si ce n’est pas un animal papa ? Carmela le regardait, l’implorait avec deux grosses larmes tremblantes au bord des yeux. C’est Carlota.
Et comme c’était Carlota, elle resta. Et les premiers jours, Carmela fut une petite fille collée à un terrarium parce qu’elle ne cessa pas de le déplacer d’endroit, jusqu’à ce qu’elle trouva un coin ventilé et chaud, où la tortue pouvait prendre le soleil sans que l’eau ne s‘évapora. Et puis, Carlota était encore un petit tas vert, qui nageait comme une folle désorientée, et qui continuait à ne pas savoir monter sur la côte.
_C’est mignon mais très ennuyeux, jugea José, le frère ainé. C’est pour ça qu’il aurait été mieux d’avoir un chien.
Mais c’était Carlota, et c’était comme ça, et maintenant qu’elle était ici, il fallait lui changer l’eau, et lui donner à manger. Pour cela, Carmen assuma cette responsabilité, en plus des autres, tant mécaniques que quotidiennes, comme préparer le petit déjeuner. Et pendant que le café montait, et que le grille-pain sautait, elle s’accoutuma à la prendre, à la laisser trainer un moment sur le sol, à lui donner de l’eau propre et suffisamment de nourriture.
Et Carlota grandit. Elle apprit à tenir la nourriture avec sa patte pour l’avaler lentement, et à lever la tête avec les yeux bien ouverts quand quelqu’un la regardait. Ainsi, arriva l’été, et ils achetèrent une cage pour l’emmener en vacances. La tortue se sentit bien en voyage, et Chema aima bien s’occuper d’elle la nuit.
_ Regardez ! S’exclama-t-il au milieu du mois d’août. Elle a apprit à manger dans ma main, c’est incroyable.
C’est pourquoi ce qui vient de se passer l’affecta lui, plus que personne. Quand il entra dans la cuisine et vit Carlota près de l’eau, avec les pattes très étirées et la tête baissée, morte au milieu d’un liquide malodorant, il ne sut choisir entre la fureur et la tristesse. Carmen dit que quelqu’un avait versé dans le terrarium du café et du Ketchup. Elle sentit ensuite un creux énorme dans l’estomac.
José se mit à pleurer car le coupable devait compter parmi ses amis du collège, qui, ce même après-midi, étaient entrés dans la maison pour goûter après avoir joué au football. Mais il n’eut pas de pleurs comme celles de Carmela, qui s’assit à la table de la cuisine, et cacha sa tête entre ses bras pour pleurer seule, et qui ne consentit pas à se lever d’ici, pas même pour dîner.
Cette nuit, tous ont mal dormit. Les adultes, effrayés, ébranlés par la cruauté insensible d’un enfant de dix ans, incapable de respecter le bonheur simple, et pacifiste d’un animal petit, tranquille, inoffensif.
S’il s’était agit d’un chien, pensa José, avec le sentiment radical de justice propre à son âge, ou d’un chat, il lui aurait donné un bon coup de griffe. Mais la pauvre Carlota ne peut pas se défendre.
Carmela ne peut pas continuer d’y penser. Elle a seulement sept ans, et le mal, la méchanceté absolue, gratuite, ne possède pas d’autre fin. Un autre sujet qui fait mal vient de faire irruption dans son expérience du monde.
Joanna Meunier - Nantes
C’est sa fête d’anniversaire, Carmela vient de recevoir un cadeau, et le montre à ses parents, Carmen et Chema.
_ Regarde maman ! Santi m’a offert une tortue…
« C’est ce qui me manquait » pensa Carmen, mais, en arrivant à la maison, son mari alla plus loin.
_ Pas question! Et comme s’il revenait du garage, plein de graisse, Chema ressemblait à une incarnation de démon. Tu n’as qu’à l’offrir. Ou tu la jette dans une mare. Ce qu’il y a à dire… je vous l’ai dis une tonne de fois. Je ne veux pas d’animaux à la maison.
_ Mais si ce n’est pas un animal papa ? Carmela le regardait, l’implorait avec deux grosses larmes tremblantes au bord des yeux. C’est Carlota.
Et comme c’était Carlota, elle resta. Et les premiers jours, Carmela fut une petite fille collée à un terrarium parce qu’elle ne cessa pas de le déplacer d’endroit, jusqu’à ce qu’elle trouva un coin ventilé et chaud, où la tortue pouvait prendre le soleil sans que l’eau ne s‘évapora. Et puis, Carlota était encore un petit tas vert, qui nageait comme une folle désorientée, et qui continuait à ne pas savoir monter sur la côte.
_C’est mignon mais très ennuyeux, jugea José, le frère ainé. C’est pour ça qu’il aurait été mieux d’avoir un chien.
Mais c’était Carlota, et c’était comme ça, et maintenant qu’elle était ici, il fallait lui changer l’eau, et lui donner à manger. Pour cela, Carmen assuma cette responsabilité, en plus des autres, tant mécaniques que quotidiennes, comme préparer le petit déjeuner. Et pendant que le café montait, et que le grille-pain sautait, elle s’accoutuma à la prendre, à la laisser trainer un moment sur le sol, à lui donner de l’eau propre et suffisamment de nourriture.
Et Carlota grandit. Elle apprit à tenir la nourriture avec sa patte pour l’avaler lentement, et à lever la tête avec les yeux bien ouverts quand quelqu’un la regardait. Ainsi, arriva l’été, et ils achetèrent une cage pour l’emmener en vacances. La tortue se sentit bien en voyage, et Chema aima bien s’occuper d’elle la nuit.
_ Regardez ! S’exclama-t-il au milieu du mois d’août. Elle a apprit à manger dans ma main, c’est incroyable.
C’est pourquoi ce qui vient de se passer l’affecta lui, plus que personne. Quand il entra dans la cuisine et vit Carlota près de l’eau, avec les pattes très étirées et la tête baissée, morte au milieu d’un liquide malodorant, il ne sut choisir entre la fureur et la tristesse. Carmen dit que quelqu’un avait versé dans le terrarium du café et du Ketchup. Elle sentit ensuite un creux énorme dans l’estomac.
José se mit à pleurer car le coupable devait compter parmi ses amis du collège, qui, ce même après-midi, étaient entrés dans la maison pour goûter après avoir joué au football. Mais il n’eut pas de pleurs comme celles de Carmela, qui s’assit à la table de la cuisine, et cacha sa tête entre ses bras pour pleurer seule, et qui ne consentit pas à se lever d’ici, pas même pour dîner.
Cette nuit, tous ont mal dormit. Les adultes, effrayés, ébranlés par la cruauté insensible d’un enfant de dix ans, incapable de respecter le bonheur simple, et pacifiste d’un animal petit, tranquille, inoffensif.
S’il s’était agit d’un chien, pensa José, avec le sentiment radical de justice propre à son âge, ou d’un chat, il lui aurait donné un bon coup de griffe. Mais la pauvre Carlota ne peut pas se défendre.
Carmela ne peut pas continuer d’y penser. Elle a seulement sept ans, et le mal, la méchanceté absolue, gratuite, ne possède pas d’autre fin. Un autre sujet qui fait mal vient de faire irruption dans son expérience du monde.
Joanna Meunier - Nantes
Le cadeau d'anniversaire
A sa fête d'anniversaire, Carmela vient de recevoir un cadeau et elle le montre à ses parents, Carmen et Chema.
Regarde maman ! Santi m'a offert une tortue...
«C'est bien ce qui me manquait» pensa Carmen, mais en arrivant à la maison, son mari alla plus loin.
Pas question ! - Et comme s'il revenait du garage, plein de graisse, Chema était pareil à une incarnation du démon. Tu n'auras qu'a la donner. Ou tu la jettera dans une mare, autrement dit… Je vous l'ai déjà dit une tonne de fois. Je ne veut pas d'animal dans la maison.
Mais si ce n'est pas un animal, papa ! - Carmela le regardait , l'implorait avec deux grosses et tremblotantes larmes au bord des yeux. C'est Carlota.
Et comme c'était Carlota, elle resta. Et les premiers jours, Carmela fut une petite fille collée à l'habitat de la tortue, car elle n'arretait de la changer de place dès lors qu'elle rencontrait un recoin aéré et chaud, où la tortue pourrait prendre le soleil sans que l'eau ne s'évaporat. Alors, Carlota était encore un petit tas verdâtre, qui nageait comme une folle désorientée et qui continuait à ne pas savoir comment remonter sur la côte.
C'est mignon, mais très ennuyeux – jugea José, le frêre ainé. Pour cela, il aurait été mieux d'avoir un chien.
Mais c'était Carlota, et c'était ainsi, et maintenant qu'elle était là, il fallait changer son eau et lui donner à manger. Pour cela, Carmen assuma sa responsabilité avec les autres, tant mécaniques et quotidiennes, comme faire le petit déjeuner. Et pendant que le café montait et que le grille-pain sautait, elle s'accoutuma à la prendre, à la laisser gambader un moment sur le sol, à lui donner de l'eau propre et de la nourriture suffisante.
Et Carlota grandit. Elle apprenait a tenir la nourriture avec sa pâte pour la manger lentement, et à lever la tête avec les yeux grands ouverts quand quelqu'un la regardait. Ainsi elle arriva à l'été, et ils achetèrent une cage pour l'emmener en vacances, et la tortue se sentait bien en voyage, et Chema prenait l'habitude de s'occuper d'elle la nuit.
Regardez ! S'exclamait-il mi-août. Elle a apprit à manger dans ma main, c'est incroyable.
Pour cela, ce qui allait arriver l'affecta plus que personne. Quand il entrait dans la cuisine et vu Carlota dans l'eau, avec les pattes très étirées et la tête basse, comme morte au milieu d'un liquide malodorant, il ne sut choisir entre la fureur et la tristesse. Carmen disait que quelqu'un jeter dans l'habitat de la tortue du café et du ketchup. José commencait à pleurer, car le coupable devait être de ses amis de l'école qui, cette même après-midi, était entrer dans la maison, pour goûter après avoir jouer au football. Mais il n'y eu pas de pleurs pareils à ceux de Carmela, qui s'assit à la table de la cuisine et dissimulait sa tête dans ses bras pour pleurer seule, et ne consentait pas à se lever de cet endroit, pas même pour diner.
Cette nuit, tous ont mal dormit. Les adultes, alarmés, agités par la cruauté insensible d'un enfant de dix ans incapable de respecter le bonheur simple et pacifique d'un petit animal, tranquille, innofensif. Si ça avait été un chien, pensa José, avec la justice radical propre à son âge, ou un chat qui leur aurait donner un bon coup de griffe, mais la pauvre Carlota, qui ne pouvait pas se défendre... Carmela n'y pouvait même pas penser. Elle avait seulement 7 ans, et le mal, le mal absolu, gratuit, qui n'avait d'autre fin, d'autre objet que blesser, venait de faire irruption dans son expérience du monde.
Nina Moreau - Nantes
A sa fête d'anniversaire, Carmela vient de recevoir un cadeau et elle le montre à ses parents, Carmen et Chema.
Regarde maman ! Santi m'a offert une tortue...
«C'est bien ce qui me manquait» pensa Carmen, mais en arrivant à la maison, son mari alla plus loin.
Pas question ! - Et comme s'il revenait du garage, plein de graisse, Chema était pareil à une incarnation du démon. Tu n'auras qu'a la donner. Ou tu la jettera dans une mare, autrement dit… Je vous l'ai déjà dit une tonne de fois. Je ne veut pas d'animal dans la maison.
Mais si ce n'est pas un animal, papa ! - Carmela le regardait , l'implorait avec deux grosses et tremblotantes larmes au bord des yeux. C'est Carlota.
Et comme c'était Carlota, elle resta. Et les premiers jours, Carmela fut une petite fille collée à l'habitat de la tortue, car elle n'arretait de la changer de place dès lors qu'elle rencontrait un recoin aéré et chaud, où la tortue pourrait prendre le soleil sans que l'eau ne s'évaporat. Alors, Carlota était encore un petit tas verdâtre, qui nageait comme une folle désorientée et qui continuait à ne pas savoir comment remonter sur la côte.
C'est mignon, mais très ennuyeux – jugea José, le frêre ainé. Pour cela, il aurait été mieux d'avoir un chien.
Mais c'était Carlota, et c'était ainsi, et maintenant qu'elle était là, il fallait changer son eau et lui donner à manger. Pour cela, Carmen assuma sa responsabilité avec les autres, tant mécaniques et quotidiennes, comme faire le petit déjeuner. Et pendant que le café montait et que le grille-pain sautait, elle s'accoutuma à la prendre, à la laisser gambader un moment sur le sol, à lui donner de l'eau propre et de la nourriture suffisante.
Et Carlota grandit. Elle apprenait a tenir la nourriture avec sa pâte pour la manger lentement, et à lever la tête avec les yeux grands ouverts quand quelqu'un la regardait. Ainsi elle arriva à l'été, et ils achetèrent une cage pour l'emmener en vacances, et la tortue se sentait bien en voyage, et Chema prenait l'habitude de s'occuper d'elle la nuit.
Regardez ! S'exclamait-il mi-août. Elle a apprit à manger dans ma main, c'est incroyable.
Pour cela, ce qui allait arriver l'affecta plus que personne. Quand il entrait dans la cuisine et vu Carlota dans l'eau, avec les pattes très étirées et la tête basse, comme morte au milieu d'un liquide malodorant, il ne sut choisir entre la fureur et la tristesse. Carmen disait que quelqu'un jeter dans l'habitat de la tortue du café et du ketchup. José commencait à pleurer, car le coupable devait être de ses amis de l'école qui, cette même après-midi, était entrer dans la maison, pour goûter après avoir jouer au football. Mais il n'y eu pas de pleurs pareils à ceux de Carmela, qui s'assit à la table de la cuisine et dissimulait sa tête dans ses bras pour pleurer seule, et ne consentait pas à se lever de cet endroit, pas même pour diner.
Cette nuit, tous ont mal dormit. Les adultes, alarmés, agités par la cruauté insensible d'un enfant de dix ans incapable de respecter le bonheur simple et pacifique d'un petit animal, tranquille, innofensif. Si ça avait été un chien, pensa José, avec la justice radical propre à son âge, ou un chat qui leur aurait donner un bon coup de griffe, mais la pauvre Carlota, qui ne pouvait pas se défendre... Carmela n'y pouvait même pas penser. Elle avait seulement 7 ans, et le mal, le mal absolu, gratuit, qui n'avait d'autre fin, d'autre objet que blesser, venait de faire irruption dans son expérience du monde.
Nina Moreau - Nantes
Oublier les mots ?
- Bien, que se passe-t-il ici ? - demanda don Ramón en étirant le col jusqu'au lieu concerné.
Silivia se mis debout et se racla un peu la gorge. Ensuite elle fit un sourire forcé.
- En fait, Verónica dit que, pour elle, les livres et les mots écrits la laissent indifférente, que ce qu'elle aime vraiment c'est la télévision.
- La télévision c'est une invention pour les idiots ! - s'exclama don Ramón avec une certaine véhémence. Ça sert seulement à faire perdre du temps aux gens !
- Á la télévision il y a des programmes superbes – dit Rodrigo Pérez - , des programmes abondant d'images précieuses.
- Regarde, fils : tout ce qui apparaît à la télévision est léger et superficiel. C'est réalisé dans le seul but de te retenir dans ton fauteuil jusqu'à ce qu'arrivent les annonces publicitaires. Il n'y a aucune réflexion, il n'y a aucune intention d'aller au fond des choses.
- Parfois il y a de bons films ! - dit Vérónica.
- D'accord, parfois ils passent de bons films, mais cela c'est du cinéma, le cinéma qui passe à la télévision. Et c'est mieux de regarder du cinéma dans une grande salle.
- De toute façon … - commença Mario avec une certaine difficulté – si ce qui nous plaît à tous sont les images, le cinéma et la télévision, peut-être c'est parce nous sommes fatigués des mots.
- Nous sommes ? - demanda don Ramón commençant à être irrité. Á qui te réfères-tu avec ce « nous sommes » ?
- Et bien à nous , à la population jeune, à la population des collèges, des institutions – dit Mario. Peut-être que le mot n'a plus d'utilité. Peut-être… - il s'interrompit un instant et se mordit les lèvres comme s'il était sur le point de dire une énormité - , peut-être, tout ces livres d'études sont passées de mode et on devrait enseigner les choses d'une autre manière...
Le garçon s'interrompit un instant. La classe entière était pendu à son discours.
- D'une autre manière ? De quelle manière, Mario ? - demanda don Ramón.
- Je ne sais pas, avec … des images. Peut-être devrait-on enseigner avec des images, comme le cinéma et la télévision. Peut-être devrait-on... -il s'éclaircit la gorge - , devrait-on oublier les mots.
- Oublier les mots ? - rugit don Ramón.
Don Ramón se passa la main dans la barbe pour terminer par se pincer fortement la lèvre inférieure, comme s'il désirer fortement se l'arracher. Mario était un élève désastreux, pour tenir la rare habilité de le mettre hors de soi.
- Regarde, Mario – commença-t-il -, le mot est précisément ce qui fait de nous des hommes, ce qui nous différencie des singes, des porcs, des chevaux. Sans le mot nous ne sommes rien, ni même un des ces esclaves en pagnes qui vivent dans la forêt, parce que même eux communiquent entre eux avec des mots et pensent avec des mots et font des plans pour aller chasser et pour construire leurs maisons avec des mots.
- Bien, je n'ait pas dit que... - commença Mario, mais don Ramón fit comme s'il ne l'avait pas entendu.
Jesús Carazo, El mal de Gutenberg, 2002
Celia Schwanengel - Nantes
- Bien, que se passe-t-il ici ? - demanda don Ramón en étirant le col jusqu'au lieu concerné.
Silivia se mis debout et se racla un peu la gorge. Ensuite elle fit un sourire forcé.
- En fait, Verónica dit que, pour elle, les livres et les mots écrits la laissent indifférente, que ce qu'elle aime vraiment c'est la télévision.
- La télévision c'est une invention pour les idiots ! - s'exclama don Ramón avec une certaine véhémence. Ça sert seulement à faire perdre du temps aux gens !
- Á la télévision il y a des programmes superbes – dit Rodrigo Pérez - , des programmes abondant d'images précieuses.
- Regarde, fils : tout ce qui apparaît à la télévision est léger et superficiel. C'est réalisé dans le seul but de te retenir dans ton fauteuil jusqu'à ce qu'arrivent les annonces publicitaires. Il n'y a aucune réflexion, il n'y a aucune intention d'aller au fond des choses.
- Parfois il y a de bons films ! - dit Vérónica.
- D'accord, parfois ils passent de bons films, mais cela c'est du cinéma, le cinéma qui passe à la télévision. Et c'est mieux de regarder du cinéma dans une grande salle.
- De toute façon … - commença Mario avec une certaine difficulté – si ce qui nous plaît à tous sont les images, le cinéma et la télévision, peut-être c'est parce nous sommes fatigués des mots.
- Nous sommes ? - demanda don Ramón commençant à être irrité. Á qui te réfères-tu avec ce « nous sommes » ?
- Et bien à nous , à la population jeune, à la population des collèges, des institutions – dit Mario. Peut-être que le mot n'a plus d'utilité. Peut-être… - il s'interrompit un instant et se mordit les lèvres comme s'il était sur le point de dire une énormité - , peut-être, tout ces livres d'études sont passées de mode et on devrait enseigner les choses d'une autre manière...
Le garçon s'interrompit un instant. La classe entière était pendu à son discours.
- D'une autre manière ? De quelle manière, Mario ? - demanda don Ramón.
- Je ne sais pas, avec … des images. Peut-être devrait-on enseigner avec des images, comme le cinéma et la télévision. Peut-être devrait-on... -il s'éclaircit la gorge - , devrait-on oublier les mots.
- Oublier les mots ? - rugit don Ramón.
Don Ramón se passa la main dans la barbe pour terminer par se pincer fortement la lèvre inférieure, comme s'il désirer fortement se l'arracher. Mario était un élève désastreux, pour tenir la rare habilité de le mettre hors de soi.
- Regarde, Mario – commença-t-il -, le mot est précisément ce qui fait de nous des hommes, ce qui nous différencie des singes, des porcs, des chevaux. Sans le mot nous ne sommes rien, ni même un des ces esclaves en pagnes qui vivent dans la forêt, parce que même eux communiquent entre eux avec des mots et pensent avec des mots et font des plans pour aller chasser et pour construire leurs maisons avec des mots.
- Bien, je n'ait pas dit que... - commença Mario, mais don Ramón fit comme s'il ne l'avait pas entendu.
Jesús Carazo, El mal de Gutenberg, 2002
Celia Schwanengel - Nantes
Oublier les mots ?
-Bon, qu’est-c-qui se passe ici ? demanda Don Ramon, s’étirant le cou jusqu’à cet endroit là. Silvia se mit sur ses pieds et se racla la gorge en même temps. Puis prépara un rire forcé.
-C’est que, Veronica a dit que, pour elle, les livres et le vocabulaire écrit la laissent indifférente, et que ce qui est véritablement plaisant, c’est la télévision.
-La télévision est une invention pour les idiots ! s’exclama Don Ramon avec une certaine véhémence. Cela sert uniquement à faire perdre le temps aux gens.
-A la télévision, il y a des programmes épatants, dit Rodrigo Pérez, des programmes pleins d’images précieuses.
-Regarde, fils : tout ce qui apparait à la télévision est léger et superficiel. C’est réalisé avec l’unique but de te retenir à ta place jusqu’à ce qu’arrivent les annonces publicitaires. Il n’y a pas de réflexion, il n’y a aucune intention d’arriver (aboutir) au fond des choses.
-Quelque fois, ils donnent des bons films ! dit Veronica.
-Je suis d’accord, quelque fois ils donnent des bons films, mais ça, c’est le cinéma, le cinéma qui passe par la télévision. Et le cinéma est mieux à regarder dans une grande salle.
-De toute façon … commença Mario avec une certaine difficulté, si ce qui plait à tout le monde sont les images le cinéma et la télévision, peut-être que c’est parce-que nous en avons mare des mots.
-Nous avons ? demanda Don Ramon commençant à s’irriter. A qui te réfères-tu avec ce « nous avons » ?
-Bon, à nous, aux jeunes personnes, aux personnes du collège, des instituts, dit Mario. Peut-être que c’est le mot qui ne sert plus. Peut-être, il s’interrompt in instant et se mordit la lèvre comme s’il allait dire une énormité. Peut-être que tout ce qui était livres d’études est passé de mode et il faudrait enseigner les choses d’une autre manière.
L’enfant s’interrompit un instant. La classe entière était attentive à son discours.
-D’une autre manière ? De quelle manière Mario ? demanda Don Ramon.
-Je ne sais pas, avec … des images. Peut-être qu’on devrait enseigner avec des images, avec le cinéma et la télévision.
-Peut-être qu’il faudrait …, il s’éclaircit la gorge, il faudrait oublier les mots.
-Oublier les mots ? Rugit Don Ramon (…)
Don Ramon se passa la main dans la barbe pour terminer en se pinçant fortement la lèvre inférieur, comme s’il désirait se l’arracher d’un coup. Mario était un très mauvais élève, mais avait la rare habileté de le mettre hors de lui.
-Regarde, Mario – commença t-il - le mot est précisément ce qui nous fait hommes, ce qui nous différencie des singes, des cochons, des chevaux. Sans la parole, nous ne sommes rien, ni même un de ces sauvages avec leurs pagnes qui vivent dans la forêt car ça inclut ceux qui communiquent avec des mots et font des plans pour sortir de leur maison et pour construire leur cabane avec des mots.
-Bon, je ne dis pas que … commença Mario, mais Don Ramon faisait comme s’il ne l’entendait pas.
Marie Fevre - Nantes
-Bon, qu’est-c-qui se passe ici ? demanda Don Ramon, s’étirant le cou jusqu’à cet endroit là. Silvia se mit sur ses pieds et se racla la gorge en même temps. Puis prépara un rire forcé.
-C’est que, Veronica a dit que, pour elle, les livres et le vocabulaire écrit la laissent indifférente, et que ce qui est véritablement plaisant, c’est la télévision.
-La télévision est une invention pour les idiots ! s’exclama Don Ramon avec une certaine véhémence. Cela sert uniquement à faire perdre le temps aux gens.
-A la télévision, il y a des programmes épatants, dit Rodrigo Pérez, des programmes pleins d’images précieuses.
-Regarde, fils : tout ce qui apparait à la télévision est léger et superficiel. C’est réalisé avec l’unique but de te retenir à ta place jusqu’à ce qu’arrivent les annonces publicitaires. Il n’y a pas de réflexion, il n’y a aucune intention d’arriver (aboutir) au fond des choses.
-Quelque fois, ils donnent des bons films ! dit Veronica.
-Je suis d’accord, quelque fois ils donnent des bons films, mais ça, c’est le cinéma, le cinéma qui passe par la télévision. Et le cinéma est mieux à regarder dans une grande salle.
-De toute façon … commença Mario avec une certaine difficulté, si ce qui plait à tout le monde sont les images le cinéma et la télévision, peut-être que c’est parce-que nous en avons mare des mots.
-Nous avons ? demanda Don Ramon commençant à s’irriter. A qui te réfères-tu avec ce « nous avons » ?
-Bon, à nous, aux jeunes personnes, aux personnes du collège, des instituts, dit Mario. Peut-être que c’est le mot qui ne sert plus. Peut-être, il s’interrompt in instant et se mordit la lèvre comme s’il allait dire une énormité. Peut-être que tout ce qui était livres d’études est passé de mode et il faudrait enseigner les choses d’une autre manière.
L’enfant s’interrompit un instant. La classe entière était attentive à son discours.
-D’une autre manière ? De quelle manière Mario ? demanda Don Ramon.
-Je ne sais pas, avec … des images. Peut-être qu’on devrait enseigner avec des images, avec le cinéma et la télévision.
-Peut-être qu’il faudrait …, il s’éclaircit la gorge, il faudrait oublier les mots.
-Oublier les mots ? Rugit Don Ramon (…)
Don Ramon se passa la main dans la barbe pour terminer en se pinçant fortement la lèvre inférieur, comme s’il désirait se l’arracher d’un coup. Mario était un très mauvais élève, mais avait la rare habileté de le mettre hors de lui.
-Regarde, Mario – commença t-il - le mot est précisément ce qui nous fait hommes, ce qui nous différencie des singes, des cochons, des chevaux. Sans la parole, nous ne sommes rien, ni même un de ces sauvages avec leurs pagnes qui vivent dans la forêt car ça inclut ceux qui communiquent avec des mots et font des plans pour sortir de leur maison et pour construire leur cabane avec des mots.
-Bon, je ne dis pas que … commença Mario, mais Don Ramon faisait comme s’il ne l’entendait pas.
Marie Fevre - Nantes
Le cadeau d'anniversaire.
A sa fête d'anniversaire, Carmela vient de recevoir un cadeau; elle l'apprend à ses parents, Carmen et Chema.
- Regarde, Maman ! Santi m'a offert une tortue.
« Il ne me manquait plus que ça » pensa Carmen, mais en rentrant à la maison, son mari fut plus direct.
- Pas question ! Et comme il rentrait de l'atelier, plein de rage, Chema paraissait une incarnation du diable. Tu n'as qu'à l'offrir. Ou la jeter dans une marre ou quoi que ce soit d'autre... Je vous l'ai dit des tonnes de fois : Je ne veux pas d'animaux à la maison !
- Je sais bien, mais ce n'est pas un animal, papa ! Carmela le regardait, l'implorait avec deux grosses larmes tremblantes au bord des yeux. C'est Carlota.
Et comme c'était Carlota, elle resta. Et les premiers jours Carmela fut une petite fille dévouée à la petite tortue parce qu'elle n'arrêta pas de la bouger de place jusqu'à ce qu'elle trouve un coin aéré et chaleureux, où la tortue pouvait prendre le soleil sans que son eau ne s'évapore. A ce moment, Carlota était encore un petit animal verdoyant, qui nageait comme une folle désorientée, sans même savoir monter sur la rampe.
- Elle est mignonne, mais un peu ennuyeuse, lança José, le grand frère. C'est pour ça que ce serait mieux d'avoir un chien.
Mais c'était Carlota, et elle était là; et maintenant qu'elle était là, il fallait changer son eau et lui donner à manger. Donc, Carment assuma cette responsabilité en plus des autres tâches mécaniques et quotidiennes, comme faire le petit déjeuner. Et pendant que le café chauffait et que les toasts sautaient, elle avait pris l'habitude de la porter, de la laisser courir un peu sur le sol, de lui mettre de l'eau propre et de la nourriture fraîche.
Et Carlota grandit. Elle apprit à attraper la nourriture avec une patte pour l'avaler doucement, et à lever la tête en ouvrant grands les yeux quand quelqu'un la regardait. Ainsi arriva l'été, et ils achetèrent une cage pour l'emmener en vacances. La tortue supporta bien le voyage, et Chema pris goût à s'occuper d'elle la nuit.
- Regardez ! S'exclama-t-il au milieu du mois d'août. Elle a appris à manger dans ma main, c'est incroyable !
C'est pour cela que ce qui venait de se passer l'affecta lui plus que les autres. Quand il entra dans la cuisine et vit Carlota hors de l'eau avec les pattes écartées et la tête en bas, comme morte au milieu d'un liquide malodorant, il ne sut pas choisir entre la colère et la tristesse. Carmen dit que quelqu'un avait versé sur la petite tortue du café et du Ketchup, après qu'elle eût reçu un énorme coup dans le ventre. José se mit à pleurer, parce que le coupable devait se trouver parmi ses amis de l'école qui étaient entrés l'après-midi-même dans la maison prendre le goûter après une partie de football. Mais il ne pleura pas autant que Carmela qui s'assit à la table de la cuisine et cacha sa tête dans ses bras pour pleurer seule. Elle ne consentit plus à se lever de là, même à l'heure du dîner. Cette nuit là; ils dormirent tous mal. Les adultes, inquiets, bouleversés par la cruauté insensible d'un enfant de dix ans incapable de respecter le bonheur simple et pacifique d'un petit animal tranquille et inoffensif. Si elle avait été un chien, pensa José, avec le radical sens de la justice propre à son âge - ou un chat - elle leur aurait donné un bon coup de griffe; mais la pauvre Carlota ne pouvait pas se défendre. Carmela ne pouvait même pas y penser. Elle n'avait que sept ans, et le mal, la méchanceté absolue, gratuite qui n'avait pas d'autre fin, d'autre but que de faire souffrir, acheva de fonder son expérience du monde.
Juliette Chautemps - Nantes
A sa fête d'anniversaire, Carmela vient de recevoir un cadeau; elle l'apprend à ses parents, Carmen et Chema.
- Regarde, Maman ! Santi m'a offert une tortue.
« Il ne me manquait plus que ça » pensa Carmen, mais en rentrant à la maison, son mari fut plus direct.
- Pas question ! Et comme il rentrait de l'atelier, plein de rage, Chema paraissait une incarnation du diable. Tu n'as qu'à l'offrir. Ou la jeter dans une marre ou quoi que ce soit d'autre... Je vous l'ai dit des tonnes de fois : Je ne veux pas d'animaux à la maison !
- Je sais bien, mais ce n'est pas un animal, papa ! Carmela le regardait, l'implorait avec deux grosses larmes tremblantes au bord des yeux. C'est Carlota.
Et comme c'était Carlota, elle resta. Et les premiers jours Carmela fut une petite fille dévouée à la petite tortue parce qu'elle n'arrêta pas de la bouger de place jusqu'à ce qu'elle trouve un coin aéré et chaleureux, où la tortue pouvait prendre le soleil sans que son eau ne s'évapore. A ce moment, Carlota était encore un petit animal verdoyant, qui nageait comme une folle désorientée, sans même savoir monter sur la rampe.
- Elle est mignonne, mais un peu ennuyeuse, lança José, le grand frère. C'est pour ça que ce serait mieux d'avoir un chien.
Mais c'était Carlota, et elle était là; et maintenant qu'elle était là, il fallait changer son eau et lui donner à manger. Donc, Carment assuma cette responsabilité en plus des autres tâches mécaniques et quotidiennes, comme faire le petit déjeuner. Et pendant que le café chauffait et que les toasts sautaient, elle avait pris l'habitude de la porter, de la laisser courir un peu sur le sol, de lui mettre de l'eau propre et de la nourriture fraîche.
Et Carlota grandit. Elle apprit à attraper la nourriture avec une patte pour l'avaler doucement, et à lever la tête en ouvrant grands les yeux quand quelqu'un la regardait. Ainsi arriva l'été, et ils achetèrent une cage pour l'emmener en vacances. La tortue supporta bien le voyage, et Chema pris goût à s'occuper d'elle la nuit.
- Regardez ! S'exclama-t-il au milieu du mois d'août. Elle a appris à manger dans ma main, c'est incroyable !
C'est pour cela que ce qui venait de se passer l'affecta lui plus que les autres. Quand il entra dans la cuisine et vit Carlota hors de l'eau avec les pattes écartées et la tête en bas, comme morte au milieu d'un liquide malodorant, il ne sut pas choisir entre la colère et la tristesse. Carmen dit que quelqu'un avait versé sur la petite tortue du café et du Ketchup, après qu'elle eût reçu un énorme coup dans le ventre. José se mit à pleurer, parce que le coupable devait se trouver parmi ses amis de l'école qui étaient entrés l'après-midi-même dans la maison prendre le goûter après une partie de football. Mais il ne pleura pas autant que Carmela qui s'assit à la table de la cuisine et cacha sa tête dans ses bras pour pleurer seule. Elle ne consentit plus à se lever de là, même à l'heure du dîner. Cette nuit là; ils dormirent tous mal. Les adultes, inquiets, bouleversés par la cruauté insensible d'un enfant de dix ans incapable de respecter le bonheur simple et pacifique d'un petit animal tranquille et inoffensif. Si elle avait été un chien, pensa José, avec le radical sens de la justice propre à son âge - ou un chat - elle leur aurait donné un bon coup de griffe; mais la pauvre Carlota ne pouvait pas se défendre. Carmela ne pouvait même pas y penser. Elle n'avait que sept ans, et le mal, la méchanceté absolue, gratuite qui n'avait pas d'autre fin, d'autre but que de faire souffrir, acheva de fonder son expérience du monde.
Juliette Chautemps - Nantes
Oublier les mots
Bon qu'est ce qui se passe ici ? - demanda Ramon s'étirant le cou à cet endroit là.
Silvia se leva et se racla la gorge plusieurs fois. Puis, elle sortit un sourire forcé.
C'est que Veronica a dit que, pour elle, les livres et les mots la laissent indifférente, que ce qu'elle aime vraiment c'est la télévision.
La télévision est une invention pour les idiots! S'écria Don Ramon avec une certaine véhémence.
Elle ne sert qu'à faire perdre du temps aux gens!
A la télévision il y a de merveilleux programmes – a déclaré Rodrigo Perez – des programmes pleins de belles images.
Regarde, fils, tout ce qui apparaît à la télévision est léger et superficiel. Il est fait avec le seul but de vous garder dans le siège jusqu'aux annonces publicitaires. Il n'y a aucune réflexion, il n'y a aucune intention d'aller au fond des choses.
Parfois il y a de bons films! - dit Veronica
Je suis d'accord, parfois il y a de bons films, mais c'est un film, un film qui passe à la télé. Et voir un film dans une grande salle est bien mieux.
Quoi qu'il en soit ... - Mario commenca avec quelques difficultés - si vous avez tous des préférences pour les images, les films et la télévision, c'est peut-être parce que nous sommes fatigués des mots.
Nous? - Demanda Don Ramon commençant à se frotter. Qui êtes-vous parler avec ce «nous»?
Pour nous, les jeunes, des écoles, des instituts – dit Mario. C'est peut être le mot qui n'a plus d'utilité. Peut-être ... - il s'interrompit pendant un moment, se mordit les lèvres comme pour s'il allait dire une énormité - peut-être que l'ensemble des livres étudiés est obsolète et doit être enseigné d'une autre manière ...
Le garçon s'interrompit pendant un moment. La classe entière était au courant de son discours.
Dans le cas contraire ? De quel manière, Mario ? - Demanda à Don Ramon.
Je ne sais pas, avec ... des images. Peut-être il faudrait enseigner avec des images, le cinéma et la télévision. Peut être il faudrait que ... - il se racla la gorge – il faudrait oublier les mots.
Oubliez les mots? - rugit don Ramon.
Don Ramon passa sa main sur son menton pour finir en pinçant fortement sa lèvre inféireure, comme s'il désirait l'arracher d'un coup. Mario était un élève épouvantable, mais il avait la rare habitude de se mettre hors de soi.
Regarde, Mario - il commença - le mot est précisément ce qui nous rend hommes, ce qui nous distingue des singes, des porcs, des chevaux. Sans le mot nous ne sommes rien, pas même un de ces pagnes sauvages vivant dans la jungle, parce que même s'ils communiquent avec des mots et de pensent avec des mots et font des plans pour aller à la chasse et construisent leurs huttes avec des mots.
Eh bien, je n'ai pas dit que ... - commença Mario, mais Don Ramon continua comme s'il n'avait pas entendu.
Justine Fortun - Nantes
Bon qu'est ce qui se passe ici ? - demanda Ramon s'étirant le cou à cet endroit là.
Silvia se leva et se racla la gorge plusieurs fois. Puis, elle sortit un sourire forcé.
C'est que Veronica a dit que, pour elle, les livres et les mots la laissent indifférente, que ce qu'elle aime vraiment c'est la télévision.
La télévision est une invention pour les idiots! S'écria Don Ramon avec une certaine véhémence.
Elle ne sert qu'à faire perdre du temps aux gens!
A la télévision il y a de merveilleux programmes – a déclaré Rodrigo Perez – des programmes pleins de belles images.
Regarde, fils, tout ce qui apparaît à la télévision est léger et superficiel. Il est fait avec le seul but de vous garder dans le siège jusqu'aux annonces publicitaires. Il n'y a aucune réflexion, il n'y a aucune intention d'aller au fond des choses.
Parfois il y a de bons films! - dit Veronica
Je suis d'accord, parfois il y a de bons films, mais c'est un film, un film qui passe à la télé. Et voir un film dans une grande salle est bien mieux.
Quoi qu'il en soit ... - Mario commenca avec quelques difficultés - si vous avez tous des préférences pour les images, les films et la télévision, c'est peut-être parce que nous sommes fatigués des mots.
Nous? - Demanda Don Ramon commençant à se frotter. Qui êtes-vous parler avec ce «nous»?
Pour nous, les jeunes, des écoles, des instituts – dit Mario. C'est peut être le mot qui n'a plus d'utilité. Peut-être ... - il s'interrompit pendant un moment, se mordit les lèvres comme pour s'il allait dire une énormité - peut-être que l'ensemble des livres étudiés est obsolète et doit être enseigné d'une autre manière ...
Le garçon s'interrompit pendant un moment. La classe entière était au courant de son discours.
Dans le cas contraire ? De quel manière, Mario ? - Demanda à Don Ramon.
Je ne sais pas, avec ... des images. Peut-être il faudrait enseigner avec des images, le cinéma et la télévision. Peut être il faudrait que ... - il se racla la gorge – il faudrait oublier les mots.
Oubliez les mots? - rugit don Ramon.
Don Ramon passa sa main sur son menton pour finir en pinçant fortement sa lèvre inféireure, comme s'il désirait l'arracher d'un coup. Mario était un élève épouvantable, mais il avait la rare habitude de se mettre hors de soi.
Regarde, Mario - il commença - le mot est précisément ce qui nous rend hommes, ce qui nous distingue des singes, des porcs, des chevaux. Sans le mot nous ne sommes rien, pas même un de ces pagnes sauvages vivant dans la jungle, parce que même s'ils communiquent avec des mots et de pensent avec des mots et font des plans pour aller à la chasse et construisent leurs huttes avec des mots.
Eh bien, je n'ai pas dit que ... - commença Mario, mais Don Ramon continua comme s'il n'avait pas entendu.
Justine Fortun - Nantes
( Sujet 19 ) La photographie.
Ben voulait me montrer une photo de mes parents. Il l'avait gardée durant toutes ces années et pour finir était arrivé le jour de m'en faire prendre connaissance. J'hésitai avant de lui dire que cela me faisait peur de la voir. Je ne voulais pas que s'ouvre devant moi cet abîme, mais Ben insista sur le fait que je devais le faire. "Ce sont tes parents", dit-il. Lucie me prit avec la force de la main.
La vérité existe, indépendamment du fait que tu veuilles l'accepter ou non. Il ne sert à rien de refuser de la reconnaître. Pour finir, j'acceptai, à la fois plein d'appréhension et curieux. J'étais sur le point de pleurer, mais je ne le pouvais pas. Au bout d'une éternité je me décidai à tendre la main.
Sur la photo on voit un couple. Les deux sont très jeunes. Elle, a dix-neuf ans, je l'ai entendu dire à Ben. L'autre plus, peut-être vingt ans, vingt et un comme beaucoup. Je contemple l'image depuis une distance infinie. Les deux me semblent pleins d'attrait et de vie.
Lui est vêtu comme un soldat républicain, très souriant, et elle a une fronce au bras. C'est un jeune garçon très élégant, un brun, d'un visage aiguisé avec un nez fin, assez fringant. Peut-être est-ce mon imagination, mais on les voit très amoureux, surtout elle. Visiblement elle est enceinte. De moi. Elle a de grands yeux, très noirs, quelque peu tristes, et une des mains reposées sur le ventre. Lui tient un pied au-dessus du robinet d'une fontaine en pierre sur laquelle on peut lire: République espagnole, 1934.
"Ce ne sont pas mes parents", ceci fut ce que je dis en regardant Ben et Lucie. "Mes parents sont les vôtres". Je me sentis très apaisé après avoir dit cela et je n'eus plus envie de pleurer. Ils le vivaient sûrement plus difficilement que moi. Je rendis la photo à Ben parce que je ne savais pas quoi faire avec. Il était évident qu'il me l'avait donnée pour que je la garde, mais il n'osait pas me le dire. Pour finir il affirma: "C'est la tienne. J'attends depuis des années le bon moment pour te la donner. Je te prie de l'accepter".
Cela m'était sensiblement impossible. Cela me faisait peur de prendre la photographie. Je restai comme j'étais, sans dire un mot.
"C'est bon, comme tu veux"- dit Ben. Pour lui aussi c'était un coup très amer. "Je la laisserai reposer dans les archives, dans un dépôt, comme jusqu'à aujourd'hui".
Son sentiment du devoir le fit grandir: "Avec ou sans photo, ta mère est Thérèse Quintana; ceci, je ne peux rien y changer".
Il appuya le bout du doigt sur la date inscrite sur la superficie du papier mat. Au-dessus de la photo se détachait le visage enfantin de la milice. Ben déplaça légèrement son doigt jusqu'à la droite et durant un moment je crus qu'il allait s'emporter: "Et ton père, Umberto Pietri" mais je ne dis rien. Je commençai à sentir un désir vif de pleurer mais je restai incapable de le faire.
J'avais la gorge très sèche et qui me grattait comme si elle était obstruée par du sable.
Charlène Aubert - Nantes
Ben voulait me montrer une photo de mes parents. Il l'avait gardée durant toutes ces années et pour finir était arrivé le jour de m'en faire prendre connaissance. J'hésitai avant de lui dire que cela me faisait peur de la voir. Je ne voulais pas que s'ouvre devant moi cet abîme, mais Ben insista sur le fait que je devais le faire. "Ce sont tes parents", dit-il. Lucie me prit avec la force de la main.
La vérité existe, indépendamment du fait que tu veuilles l'accepter ou non. Il ne sert à rien de refuser de la reconnaître. Pour finir, j'acceptai, à la fois plein d'appréhension et curieux. J'étais sur le point de pleurer, mais je ne le pouvais pas. Au bout d'une éternité je me décidai à tendre la main.
Sur la photo on voit un couple. Les deux sont très jeunes. Elle, a dix-neuf ans, je l'ai entendu dire à Ben. L'autre plus, peut-être vingt ans, vingt et un comme beaucoup. Je contemple l'image depuis une distance infinie. Les deux me semblent pleins d'attrait et de vie.
Lui est vêtu comme un soldat républicain, très souriant, et elle a une fronce au bras. C'est un jeune garçon très élégant, un brun, d'un visage aiguisé avec un nez fin, assez fringant. Peut-être est-ce mon imagination, mais on les voit très amoureux, surtout elle. Visiblement elle est enceinte. De moi. Elle a de grands yeux, très noirs, quelque peu tristes, et une des mains reposées sur le ventre. Lui tient un pied au-dessus du robinet d'une fontaine en pierre sur laquelle on peut lire: République espagnole, 1934.
"Ce ne sont pas mes parents", ceci fut ce que je dis en regardant Ben et Lucie. "Mes parents sont les vôtres". Je me sentis très apaisé après avoir dit cela et je n'eus plus envie de pleurer. Ils le vivaient sûrement plus difficilement que moi. Je rendis la photo à Ben parce que je ne savais pas quoi faire avec. Il était évident qu'il me l'avait donnée pour que je la garde, mais il n'osait pas me le dire. Pour finir il affirma: "C'est la tienne. J'attends depuis des années le bon moment pour te la donner. Je te prie de l'accepter".
Cela m'était sensiblement impossible. Cela me faisait peur de prendre la photographie. Je restai comme j'étais, sans dire un mot.
"C'est bon, comme tu veux"- dit Ben. Pour lui aussi c'était un coup très amer. "Je la laisserai reposer dans les archives, dans un dépôt, comme jusqu'à aujourd'hui".
Son sentiment du devoir le fit grandir: "Avec ou sans photo, ta mère est Thérèse Quintana; ceci, je ne peux rien y changer".
Il appuya le bout du doigt sur la date inscrite sur la superficie du papier mat. Au-dessus de la photo se détachait le visage enfantin de la milice. Ben déplaça légèrement son doigt jusqu'à la droite et durant un moment je crus qu'il allait s'emporter: "Et ton père, Umberto Pietri" mais je ne dis rien. Je commençai à sentir un désir vif de pleurer mais je restai incapable de le faire.
J'avais la gorge très sèche et qui me grattait comme si elle était obstruée par du sable.
Charlène Aubert - Nantes
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